APYRA

“Au sein des armées, jamais rien ne rompra la chaîne qui unit les fils qu’à Saint Eloi Sainte Barbe confia”

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

Amicale des
pyrotechniciens
des armées

L’histoire du dépôt de munitions de CHATEAUDUN

par Régis Hoyet

(*)L’auteur remercie tout particulièrement :
– Monsieur DESCAMPS Yvan, de SALBRIS, mais ancien de CHATEAUDUN, principal auteur de ces recherches historiques, passionné d’histoire, et sans qui rien n’aurait été possible…
– Monsieur MOIGNOT à qui nous devons l’extrait des archives du bomber command…

 

 

Aperçu historique :

Aux origines de notre histoire, Châteaudun alors appelé DUN, en langage celtique, puis Castrodunum, après l’invasion romaine était une forteresse protégeant le pays des Carnutes de voisins turbulents. Des châteaux perchés sur le rocher comme des nids d’hirondelles s’y succédèrent au rythme des invasions sans avoir laissé de vestige ni de trace dans les archives.
Les Normands ayant, en 911, rasé le château et ravagé le pays à tel point qu’on n’entendait plus un chien aboyer dans le comté de Thibault celui-ci, dit le tricheur, fit reconstruire un château qui devait comporter de très vastes proportions puisqu’on appelait alors la demeure de ce puissant seigneur le palais de Thibault.
I1 ne reste pratiquement rien de ce château, et le donjon actuel, bien qu’attribué à Thibault, ne fut édifié vraisemblablement qu’au début du XIIème siècle.
Jean, Bâtard d’Orléans, dit le Dunois, vaillant compagnon de Jeanne d’Arc et grand artisan de la libération de la France, devint en 1439 Comte de Dunois, grâce à la générosité reconnaissante de son frère, le fameux poète Charles d’Orléans. Il entreprit, avec son épouse Marie d’Harcourt, la construction de l’aile Ouest du château et de la Sainte chapelle, où son coeur fut déposé le 3 décembre 1468.
L’aile Nord, de style Renaissance, fut construite à partir de 1511 par ses descendants, les Comtes de Longueville, qui achevèrent de donner au château son caractère de grande résidence seigneuriale. Commencé à la fin du Moyen-Âge, terminé sous la renaissance, le château de Châteaudun permet de suivre l’évolution de l’architecture d’une époque à l’autre.
Si l’histoire de Châteaudun est liée à celle de son château, elle est éclairée par la lueur des incendies qui ravagèrent complètement la ville en 578, en 911, en 1590, en 1691 et 1728, sa devise Extincta Revivisco (je renais de mes cendres) nous rappelle que si les Dunois furent souvent à l’honneur, ils furent aussi souvent à la peine mais surent toujours courageusement faire face à l’adversité.
C’est à la suite de ce dernier incendie que la ville fut presque entièrement reconstruite au XVIIIème siècle d’une façon géométrique sous la direction d’Hardouin, architecte de Louis XV. Le château que le duc de Luynes, obéissant à la destinée tutélaire des seigneurs de Dunois, transforma en refuge pour la population éprouvée et sacrifia au bien public, fut tellement endommagé qu’il devint inhabitable et fut cédé à l’Etat en 1935. Le service des monuments historiques, conscient de la valeur du dépôt qui lui était confié, réalisa un véritable chef-d’oeuvre de restauration.
L’histoire de Châteaudun est auréolée du souvenir de la glorieuse journée du 18 octobre 1870 où les francs-tireurs de Paris, de Nantes et de la garde nationale de Châteaudun, au nombre de 1500, résistèrent farouchement à la 22ème division prussienne de Von Wittich, mais la ville fut de nouveau partiellement brûlée et saccagée.
Cette bataille pour la gloire provoqua une flambée d’enthousiasme dans la France entière et la ville de Châteaudun fut citée comme ayant mérité de la patrie et fut décorée de la légion d’honneur qui figure depuis lors dans ses armes.

 

La Création d’un entrepôt de munitions :

C’est au cours de la première guerre mondiale en 1915, que fut décidée par le Commandement la création d’un dépôt de munitions à CHATEAUDUN. Confiée à l’Artillerie, cette installation alors appelée “Camp de munitions” a été réalisée sur un terrain réquisitionné entre la voie ferrée reliant CHATEAUDUN à TOURS et la route nationale n°10.

Sortant d’usine, les munitions affluent vers les deux groupes de stockage Sud et Nord. A la demande, elles sont expédiées par trains complets sur les armées. Les stocks sont amoncelés sous des abris et des hangars de fortune. La voie ferrée de 60 est le seul moyen de transport assurant la desserte intérieure des magasins. Le personnel de manutention encadré par des artificiers militaires est en grande partie constituée de travailleurs chinois. Les annamites, comme on les appelait, chargent et déchargent les wagons, nuit et jour, sans hâte mais sans trêve. Tantôt plein à craquer, tantôt presque vide, le dépôt de munitions de CHATEAUDUN remplit remarquablement son rôle de régulateur entre la production et la consommation.

Avec l’Armistice de 1918. la cessation des hostilités impose une mission nouvelle, celle de conserver et de maintenir en bon état des quantités importantes de munitions de tous calibres. Cet objectif exige une organisation adéquate de l’Établissement. La sécurité des stockages aussi bien que celle du voisinage impose la construction de magasins en dur en remplacement des hangars de bois sans cesse rafistolés. Répondant à des normes bien définies et judicieusement répartis sur les 78 ha de terrain achetés définitivement par l’État à cet effet, ces nouveaux locaux de stockage offrent une sécurité accrue. Pendant vingt ans, chaque année apportera son lot de réalisations et d’aménagements nouveaux : tels que : ateliers, magasins généraux, salle d’artifices, château d’eau, réseau de distribution avec bouches d’incendie, casernement de la troupe et logement des cadres. La voie de 60 disparaît progressivement pour laisser place à quelque vingt kilomètres de voie ferrée normale qui desservent directement magasins et ateliers sans rupture de charge.

Un grand chantier de démolition est installé dans un atelier provisoire situé entre les groupes Nord et Sud pour la démolition des munitions russes, reliquat de la guerre. Sur l’emplacement de ce chantier, en 1924-25 un nouveau groupe de stockage vient s’insérer entre les deux autres, c’est le groupe Centre dit “groupe des poudrières”. Pour remettre en état les munitions récupérées, on construit un grand atelier en 1926-27 qui prend le nom d’Atelier définitif, il sera principalement utilisé à la remise en état des cartouches de 75mm et des fusées. Un autre atelier moins important implanté au groupe Sud sera utilisé pour la remise en état des obus de gros calibre, du 155 au 240mm. De 1930 à 1939, le groupe Nord se transforme. En lieu et place de petits magasins vétustes, la construction de magasins de type semi – étanche est réalisée, alors qu’en zone vie, les bâtiments direction et administration sont érigés.

Pendant ces années, la mission de l’établissement est le stockage, la remise en état et l’approvisionnement des troupes d’Outre-mer et de métropole. Par décret du 6 mai 1933, l’Établissement est classé et le polygone de sécurité adopté. Le bornage sera terminé en 1934.

En 1938, l’Établissement est désigné pour assurer l’organisation d’un centre de cours d’où sortira en 1939 une promotion de spécialistes artificiers titulaires du brevet élémentaire.

Au personnel de manutention d’origine chinoise, durant le premier conflit mondial, ont succédé des militaires de la 3ème Compagnie du 4ème Bataillon d’Ouvriers d’Artillerie dont la portion centrale est implantée au Mans. Ce personnel supporte toutes les charges de soutien à l’Établissement : garde, piquet d’incendie, téléphone et renforce le personnel civil dans les groupes de stockage et les ateliers. Les services «munitions» et «infrastructure» sont commandés chacun par un officier. Chacun des trois groupes de stockage est dirigé par un adjudant ou adjudant-chef ayant le titre de “Gardien de batterie”. L’atelier de remise en état et l’atelier « Fer – Bois » sont dirigés par un adjudant-chef ayant le titre de “Maître ouvrier d’Etat”. Les autres sous-officiers sont rattachés à la 3ème Compagnie commandée par un capitaine, secondé par un lieutenant.

Recrutée non seulement à CHATEAUDUN, mais aussi dans les localités environnantes, la main d’oeuvre de 1’Etablissement atteint en 1939, 200 personnes, cadres, employés et ouvriers réunis. L’E.R.G.Mu est alors un partenaire économique essentiel au commerce et à la vie de la communauté dunoise.
Sept directeurs se sont succédés de la création du “Camp de Munitions”, à l’entrepôt de 1939 : Les commandants GARNIER (1915-1917), GERBENNE (1917-1919), PONCET (1919-1928), LABOUCHE (1928-1936), RAYNAUD (1936-1938), TRIGER (1938-1939) et le capitaine FILLERON (1939-1940).

1939 – 1945 :

En septembre 1939, une activité fébrile suit l’ordre de mobilisation. Les cadres d’active non – artificiers quittent l’établissement pour être incorporés au 109ème Régiment d’Artillerie Lourde stationné au quartier «KELLERMAN» de CHATEAUDUN. Le personnel civil reste en place. Les réservistes arrivent. Cadres et hommes de troupe encore en “civil” sont, après un contrôle d’incorporation réduit au minimum, habillés par petits groupes. Les quelques cadres artificiers et les personnels civils maintenus sur place ont la lourde tâche d’encadrer ce personnel inexpérimenté.

A la cadence de deux à trois trains par jour, les munitions montent vers les armées. Le mécanisme de ravitaillement des troupes en opérations est relancé. Le travail s’organise de jour comme de nuit. Les obus de 75mm et 155mm récupérés après 1918, reprennent le chemin des champs de bataille du Nord et de l’Est de la France.

Avec la 3ème Compagnie du 4ème Bataillon d’Ouvriers d’Artillerie comme noyau, trois compagnies d’artificiers sont formées.

Pour faire face à la menace des bombardements aériens, une grande partie des stocks est acheminée par voie ferrée et camions vers des dépôts de campagne organisés dans la forêt de FRETEVAL au lieu dit “La Gaudinière”. Une compagnie d’artificiers fait mouvement vers ce dépôt de desserrement. Chaque jour, six grands wagons de trente tonnes quittent la zone Sud chargés d’obus de gros calibre (surtout des 240mm) pour la gare de CLOYES où a lieu le transbordement sur camions pour monter les obus dans la forêt. Les munitions sont alors regroupées en petits îlots dispersés en sous bois. Chaque îlot terminé est couvert de tôles peintes de la couleur sol. Le personnel de manutention est renforcé par une compagnie de travailleurs espagnols (Cie n° 100) constituée de prisonniers internés de la guerre civile espagnole. Le parc auto est formé de vieux camions de réquisition et en provenance des parcs de stockage de matériels issus de la guerre d’Espagne (camions Russes et US).

Le 15 Juin 1940, la pression allemande s’intensifie. L’entrepôt subit quelques bombardements de l’aviation ennemie. Son évacuation est décidée. Les deux compagnies d’artificiers rejoignent FRETEVAL. Le 17 Juin 1940, les allemands prennent possession du site et aussitôt, l’exploitation commence à leur profit. Les anciens ouvriers français sont réembauchés d’autorité. La KRIEGSMARINE utilise la zone Nord qui se garnit de mines sous-marines alors que la WERHMACHT utilise les deux autres groupes.
En forêt de FRETEVAL, dans le sous-bois humide; des piles d’obus quoique montées sur traverses en bois s’effondrent chaque jour. Les moyens en matériel manquent cruellement. Le travail dans ces conditions y est particulièrement pénible, les personnels difficiles à commander. A CHATEAUDUN, l’occupation allemande s’organise dans le dépôt de munitions comme au terrain d’aviation. Elle n’est troublée que par quelques sabotages.

En mai 1944, la préparation du débarquement en Normandie amène les premiers bombardements de l’aviation alliée. Dans la nuit du 3 au 4 mai, un avion bien renseigné attaque les zones de stockage à plusieurs reprises. Le feu et la détonation se communiquent d’un hangar à l’autre; la série d’explosions se prolonge pendant plus de 12 heures consécutives. Le secteur le plus touché est celui de la zone Sud , les dégâts sont considérables.
Ces explosions ont causé des dommages très importants aux corps des fermes alentours. Les plus proches du camp furent fortement ébranlés, alors que les dunois étaient réveillés par le bruit sourd des détonations et le crépitement des munitions de la KRIEGSMARINE et de la WERHMACHT. L’église de “La Chapelle du Noyer” dont les paroissiens étaient si fiers fut elle aussi gravement atteinte. Son administrateur en rend compte à l’évêché en ces termes : « Le portail d’entrée est disloqué, tous les vitraux soufflés, tout l’intérieur de l’église est à refaire et la toiture soulevée en deux larges traînées ».

Le dépôt continue à vivre sous tutelle allemande dans des conditions un peu troubles…

C’est sous la pression de plus en plus forte des alliés, que le 12 août 1944 à 15H00, avant de quitter les lieux, les allemands procèdent à la destruction des dernières installations restées intactes. Une nouvelle série d’explosions secoue la zone mais les dégâts causés aux alentours sont moins importants qu’au mois de mai, les travaux de reconstruction n’ayant pas été entamés. Seule, la toiture de l’église de la Chapelle du Noyer qui avait été consolidée fut de nouveau soulevée aux mêmes endroits.
Après le départ des allemands, on pouvait juger des dégâts occasionnés sur l’infrastructure du site. L’entrepôt est en ruine. La zone Sud n’est plus qu’une succession de profonds cratères autour desquels gît un enchevêtrement indescriptible de tôles, de charpentes métalliques tordues et de voies ferrées arrachées. La zone Centre est presque totalement détruite, une seule poudrière sur les 74 est restée utilisable, et quelques hangars légers subsistent. En zone Nord, les magasins semi-étanches sont moins touchés. Seules les toitures, portes et vitrages ont été détruits. Une quantité importante de mines flottantes, d’explosifs et d’artifices divers y est encore stockée.

Au passage, des unités de la 35ème Division d’Infanterie américaine renforcées par une unité du Génie du 12ème Corps y installent leur campement, commençant sommairement les opérations de nettoyage et déblaiement, bouchant quelques entonnoirs, se souciant semble-t-il fort peu des munitions qui y étaient enfouies ou de celles qui jonchaient le sol.

 

La Renaissance (1945 – 1968) :

Le 09 octobre 1944, les américains remettent l’Entrepôt aux autorités françaises, le Lieutenant LACROIX en prend le commandement.
Le dépôt reprend vie. Les premières équipes d’anciens ouvriers se rassemblent. Au milieu des cratères et des ruines, le travail s’organise. Les munitions affluent immédiatement depuis les zones de desserrement de la forêt de FRETEVAL. 10 000 tonnes sont déjà présentes sur le site qui prend l’appellation d’Entrepôt de Réserve Générale de Munitions (E.R.G.Mu) placé alors sous le commandement du Service du Matériel dont la direction régionale est implantée à ORLEANS.
L’E.R.G.Mu., que les anciens continuent encore à appeler “le camp de munitions” va renaître de ses cendres et de ses ruines. La tâche de reconstruction est titanesque. Beaucoup de ceux qui l’auront entreprise n’en verront hélas pas le couronnement.

L’entrepôt est organisé en « dépôt de campagne » et les stockages réalisés sous des abris de fortune. La totalité des moyens en personnels et matériels est utilisée au nivellement rapide du terrain, à la reconstruction des surfaces couvertes et au tri des munitions récupérées.
Débute alors le recrutement de main d’oeuvre civile embauchée sur place. De 50 ouvriers en 1944, on arrive à 114 personnels civils à l’été 1945. En juillet 1945 est rattaché à l’E.R.G.Mu, un détachement de 50 prisonniers de guerre allemands (PGA) gardés par un groupe de 10 soldats français. L’encadrement de l’E.R.G.Mu est alors de 3 officiers et de 7 sous-officiers. Le dépôt de munitions de BAILLEAU L’EVEQUE au Sud-Ouest de CHARTRES, construit pendant l’occupation allemande est rattaché à l’Entrepôt de CHATEAUDUN. En octobre 1945, une centaine de PGA sont présents et des sous-officiers sont affectés à l’Établissement pour assurer l’encadrement des équipes de désobusage. Il s’agit tout d’abord de récupérer les munitions éparses présentant un grave danger du fait qu’elles peuvent créer un “relais” explosif’ entre les différents îlots de munitions existant dans l’Entrepôt. Le 18 novembre 1945, arrive en renfort la 170ème Compagnie munitions composé de 1 officier, 8 sous-officiers et 99 soldats.

L’E.R.G.Mu. a également à sa charge le désobusage du terrain d’aviation de CHATEAUDUN et des communes environnantes. Début 1946, parallèlement à la diminution des effectifs de la 170ème Cie (12 soldats au 31.01.46), on assiste à une augmentation du nombre de PGA, qui passe à plus de 200 pour assurer le désobusage des terrains de la ville de CHATEAUDUN et des communes environnantes.

Le 31 mars 1946, la 170ème Cie munitions est dissoute.

Le 30 avril 1946, le Colonel RIVET directeur du Matériel de la Région Militaire déclare lors de la réunion des directeurs d’établissement à l’Hôtel des Invalides « L’E.R.G.Mu. de CHATEAUDUN, je vous l’ai dit, rappelle le secteur de Verdun, tout y est détruit ».

Bien que le dépôt présente une certaine insécurité du fait des munitions qui se trouvent encore enfouies dans le sol, les réceptions affluent et de 10000 tonnes stockées au 1er octobre 1944, le tonnage passe à 20 000 tonnes au 1er octobre 1946. En 1947, alors que le tonnage stocké atteint 30 000 tonnes, 4 officiers et 10 sous-officiers encadrent 135 personnels civils et 200 P.G.A. Face aux réceptions massives de munitions, les magasins détruits ont été remplacés par des hangars en forme de demi-lune, construits en tôles métro.
Cette infrastructure s’avère vite largement insuffisante, mais tout manque et surtout les matériaux de construction. L’ensemble du personnel militaire et civil est inquiet face aux incertitudes concernant le dégagement des cadres, la diminution des rations de pain, l’augmentation du coût de la vie. Même dans ces conditions particulièrement difficiles, les rapports des directeurs de l’établissement font apparaître le calme, le courage, l’exemplarité des ouvriers civils. Bien dans l’esprit beauceron, cet entrepôt est le leur, et c’est avec courage et détermination qu’ils participent à sa reconstruction et à sa réorganisation.

En 1948, les PGA quittent définitivement l’Entrepôt. Le 05 octobre 1948, est installé en renfort au personnel de l’établissement, un détachement de la 736ème compagnie munitions. L’effectif de l’E.R.G.Mu. est alors de 5 officiers, 13 sous-officiers, 40 soldats et 135 personnels civils. C’est avec cet effectif qui demeurera stable jusqu’en 1965, que l’entrepôt va retrouver son nouveau visage :
– Les réseaux routiers et ferrés sont complétés et rénovés.
– De 1950 à 1954, 81 hangars légers démontables réalisés en poutrelles métalliques et bardage en tôle ondulée ont été construits et merlonnés pour la plupart.
– La zone sur laquelle est implanté l’établissement est un plateau très humide : aussi, pour soustraire les munitions de l’humidité, il a été nécessaire de reconstituer le réseau de fossés et de creuser des mares.
– De nouvelles aires d’accès aux cellules de stationnement et de manoeuvre sont aménagées.

L’infrastructure de l’E.R.G.Mu. est ainsi reconstituée et adaptée aux exigences d’une manutention plus moderne. En 1960, débute la reconstruction des bâtiments direction et administration.

En 1961, le dépôt de munitions de CERCOTTES à la périphérie d’ORLEANS est rattaché à l’E.R.G.Mu.
Le 12 octobre 1961, la vocation de l’établissement est précisée. La mission de réception, de stockage et de remise en état des cartouches pour armes portatives ainsi que des emballages et accessoires s’y rapportant lui sont confiées.
En 1965, pour son cinquantième anniversaire, 1’E.R.G.Mu. est réorganisé en fonction des normes d’exploitation et de sécurité les plus récentes qui ont entraîné une baisse du tonnage stocké (17 000 T).

Toute trace de ruines a pratiquement disparu. Pour réaliser cette oeuvre débutée en 1941, de nombreuses entreprises locales ou régionales ont apporté leur concours. Des cadres expérimentés et dynamiques formés sur place ou dans les centres d’instruction du Service du Matériel ont dirigé des militaires et des civils aux qualifications et aux aptitudes très variées, constitués en équipes solides et bien soudées. Tous ce personnel, quel que soit son niveau de responsabilité, s’est accroché aux tâches à mener à bien et aux difficultés à vaincre.

Sept directeurs se sont succédés pour ressusciter, à partir des ruines de 1944, l’E.R.G.Mu. de 1965 : Le lieutenant LACROIX (1944-1945), les capitaines VUILLEMIN (1946) et MARQUE (1945-1946), les commandants ANDRE (1946-1952), MORIAMEZ (1952-1958) et MARTEL (1958-1961), et enfin le lieutenant-colonel MARTIN (1961-1968).

1968 – 1993 :

Le 1er Juillet 1966, une mission importante est confiée à l’E.R.G.Mu. Il s’agit du soutien en munitions des formations stationnées en région parisienne y compris les unités de la gendarmerie, la Garde Républicaine et le corps des sapeurs pompiers de PARIS. Près de 60 unités sont ainsi rattachées à l’Établissement.
Le 1er Novembre 1966, le dépôt de munitions de Nogent le Phaye au Nord Est de CHARTRES affecté antérieurement à l’ERM d’ORLEANS est rattaché à l’entrepôt de CHATEAUDUN qui gère ainsi trois dépôts satellites : CERCOTTES, BAILLEAU L’EVEQUE et NOGENT LE PHAYE.

L’E.R.G.Mu. occupe alors une place économique très importante au sein de la communauté dunoise, 7ème entreprise de l’agglomération par l’importance de son personnel, l’E.R.G.Mu, par la distribution de sa masse salariale et les dépenses nécessitées par le service et effectuées en grande partie dans l’agglomération, est un partenaire économique essentiel.

Le 1er Juillet 1969, le détachement de la 736ème Compagnie munitions est dissous et remplacé par un détachement de la 11ème Compagnie Mixte Régionale du Matériel d’ISSY LES MOULINEAUX. Les effectifs restent sensiblement identiques soit 1 officier, 2 sous-officiers et 35 soldats.
Le 1er Novembre 1969, l’E.R.G.Mu. perd la gestion du dépôt de munitions de CERCOTTES, rattaché à l’E.R.G.Mu de SALBRIS, puis, le 31 décembre 1969, celle du dépôt de munitions de BAILLEAU L’EVEQUE qui, vidé de ses munitions est remis à l’administration des domaines.

L’infrastructure de l’E.R.G.Mu. de CHATEAUDUN ne cesse de se moderniser, 1970 voit l’achèvement de la construction du bâtiment des ateliers d’entretien de l’infrastructure, alors que débute la construction de 3 nouveaux hangars de stockage munitions et que des travaux importants d’entretien, de rénovation et de modernisation de diverses infrastructures sont lancés.

Le 1er Juillet 1973, le détachement de la 11ème Compagnie Mixte Régionale du Matériel d’ISSY LES MOULINEAUX est remplacé par un détachement de la 121ème Compagnie du Matériel du Territoire de VERSAILLES.

Le 28 janvier 1976, Monsieur MARTIN artificier civil breveté supérieur est mortellement blessé, au Camp de SUIPPES cote 193 alors qu’il procédait à la destruction de “crapouillots” (bombes de tranchées de 45 Kg datant du premier conflit mondial et chargées de 20 Kg de mélinite pulvérulente), le capitaine LEMAIRE a été gravement blessé lors de cette explosion.

Le 31 Mai 1978, l ‘insigne et le fanion de tradition de l’E.R.G.Mu. de CHATEAUDUN sont homologués.

 

       

 

 

 

En octobre 1978, s’achève la construction du magasin pour les approvisionnements généraux.
L’enceinte des 78 hectares réservés au stockage des munitions est classée zone militaire sensible (ZMS) et protégée par une clôture grillagée.

En 1979, l’Entrepôt de Réserve Générale de Munitions devient Établissement de Réserve Générale de Munitions. Les missions de l’E.R.G.Mu. ne se limitent plus au stockage de munitions mais sont complétées par des travaux de plus en plus techniques.

Par décret du 11 septembre 1979, un nouveau polygone d’isolement est créé en remplacement de celui de 1933. Le bornage est réalisé en 1980.

Le 1er Juin 1985 est inauguré un atelier auto parfaitement équipé.
Un système de transmission d’alerte couvre l’ensemble de la zone de stockage et permet une protection efficace (réseau d’interphones et système de détection d’intrusion dans certains magasins).
Le 1er Juillet 1985, le détachement de la 121ème Compagnie du Matériel du Territoire est remplacé par un détachement de la 6ème Compagnie du 4ème Régiment du Matériel de FONTAINEBLEAU.
Le 1er septembre 1985, l ‘E.RG.Mu. perd la gestion du dépôt de munitions de NOGENT LE PHAYE qui a été vidé de ses munitions dans le courant du premier semestre.

Retenu pour être conservé en activité dans le cadre du schéma directeur des dépôts de munitions décidé en 1986, l ‘établissement continue de se moderniser pour s’adapter aux nouveaux moyens de manutention et de transport. Ses capacités de stockage sont cependant réduites compte tenu de son environnement défavorable (voie ferrée, route nationale 10, proximité de la ville de CHATEAUDUN) mais son infrastructure est adaptée aux nouvelles exigences de sécurité.
En 1988, un nouveau poste de sécurité est construit selon les nouvelles normes de sécurité pour permettre une meilleure surveillance de la zone Sud.
Le tonnage stocké s’élève en 1988 à 15 000 T. L’effectif de l’établissement est de 5 officiers, 13 sous-officiers, 40 militaires du rang et 126 personnels civils. Son budget total ajouté à la masse salariale distribuée s’élève à 24,5 millions de francs. Le poids économique de l’établissement dans l’agglomération de CHATEAUDUN qui comprend environ 15 000 personnes est important.

En 1990, le bâtiment principal de la zone vie est réaménagé et modernisé.
Le 1er juillet 1990, la Section de Protection de l’infrastructure jusque là composée d’un détachement de la 6ème Compagnie du 4ème Régiment du Matériel de CHATEAUDUN est affectée à l’établissement, et est rattachée administrativement au CM.101 de CHARTRES.

De 1968 à 1991, se sont succédés sept directeurs, les lieutenants-colonels MICHEL (1968-1973), DONNEAU (1973-1977), SOMVILLE (1977-1982), MILLARDET (1982-1985), BOSSU (1985-1988), JABOT (1988-1991) et BERGEOT (1991-1993).