Auteur : Henri Martin
Compositeur : André Durand



1er couplet
Refrain
Gardons fière
L’étincelle
Pour la tâche ingrate et belle
Qui vous attend plus lourde chaque jour !
Tous unis dans la carrière
Tous ensemble sans manière
Chantons joyeux troubadours
Et notre vieux renom
Et la poudre à canon
Par Sainte Barbe, 0 Bonne Mère !
Chantons en choeur nos munitions
Et nos tonnantes traditions
Vexés toujours du pet qui cloche
Gardons sans bruit la poudre sèche !
Ni fous ni revêches,
Veillons sans peur et sans reproche !
2ème couplet
Refrain
Fraternelle
Toute entière
Faite d’ombre et de lumière,
De souvenirs, de vieux et bons copains.
Histoire déjà bien vieille
Qui nous chante quand on veille
Les noms de tous nos anciens,
Tous joyeux pétardiers,
Durcis dans le métier.
Par Sainte Barbe, 0 Bonne Mère !
Chantons en choeur nos munitions
Et nos tonnantes traditions
Vexés toujours du pet qui cloche
Gardons sans bruit la poudre sèche !
Ni fous ni revêches,
Veillons sans peur et sans reproche !
3ème couplet
Refrain
Bien lointaines
Familières,
Bourges, ville aux vieilles pierres,
Sut réunir autrefois nos anciens.
Aujourd’hui que les Bleus viennent
De la plaine de Brienne
Confiants tendre la main
A leurs aînés nouveaux :
Ceux de Fontainebleau !
Par Sainte Barbe, 0 Bonne Mère !
Chantons en choeur nos munitions
Et nos tonnantes traditions
Vexés toujours du pet qui cloche
Gardons sans bruit la poudre sèche !
Ni fous ni revêches,
Veillons sans peur et sans reproche !
4ème couplet
Refrain
Vrais repaires
De silence,
Vous sifflotez la romance
Tout en rêvant de quelque clair jupon.
Très discrets, sans vains plumages,
Sans jactance, toujours sages,
Joyeux et charmants lurons,
Vous n’en êtes pas moins
De francs et gais mâtins !
Par Sainte Barbe, 0 Bonne Mère !
Chantons en choeur nos munitions
Et nos tonnantes traditions
Vexés toujours du pet qui cloche
Gardons sans bruit la poudre sèche !
Ni fous ni revêches,
Veillons sans peur et sans reproche !
5ème couplet
Refrain
La science
Sans faiblesse,
Vous garderez vos richesses
Sans même avoir les plus petits ennuis.
Alors accueillant joyeuse
La retraite poissonneuse ;
Souriant aux jours enfuis
Vous irez répétant :
«Oui, c’était le bon temps ! »
Par Sainte Barbe, 0 Bonne Mère !
Chantons en choeur nos munitions
Et nos tonnantes traditions
Vexés toujours du pet qui cloche
Gardons sans bruit la poudre sèche !
Ni fous ni revêches,
Veillons sans peur et sans reproche !
6ème couplet
Dernier refrain
Dans l’ivresse
De l’aurore,
Oh ! Sachez garder encore,
Dans votre coeur, un chant de souvenir !
Chantez ceux qui sur la route
De la vie, sans un doute,
Sont partis sans revenir !
Chantez tous vos anciens
Au sourire lointain !
Chantons en choeur d’une voix claire
Tous nos héros qui sont tombés,
Et nos amis et nos aînés !
Puis que chacun de proche en proche
Suivant leurs pas, cherchant la route,
Tout bas les écoute :
Guides sans peur et sans reproche !

Les devoirs des artificiers
du Parc Régional de Réparation et d’Entretien du Matériel
de BOURGES, en 1937
A l’artificier, en effet, et à lui seul, incombe la mission de conserver les munitions de toutes espèces depuis l’instant où elles sortent de l’atelier de chargement jusqu’à celui où il les remettra entre les mains du combattant.
Or :
1- Le nombre et la qualité des munitions sont des facteurs essentiels de la victoire. Le combattant doit être assuré qu’il ne manquera jamais de munitions et avoir une confiance absolue dans la sécurité et l’efficacité de celles qui lui sont distribuées par l’artificier.
2- Les munitions représentent la plus grosse part de notre fortune nationale en matériel de guerre. Leur valeur pécuniaire se chiffre par un nombre respectable de milliards. L’artificier qui en a la gérance est donc, à un titre plus ou moins élevé, comptable des deniers de l’Etat. (*)
3- Les munitions ne sont pas du matériel inerte et inoffensif. Ce sont des engins vivants ayant presque tous mauvais caractère et semblables à un chien hargneux, toujours prêts à mordre les maladroits, les imprudents ou les ignorants qui leur infligent de mauvais traitements. Souvent leur vengeance est collective ; toujours elle se manifeste d’une façon aussi soudaine que terrible, provoquant parfois de véritables catastrophes.
A l’artificier qui doit connaître le caractère de chacune d’elles, il appartient de leur appliquer le traitement particulier qui leur convient pour les rendre inoffensives en temps de paix, tout en leur conservant au maximum le tempérament agressif et la puissance d’action qu’on exigera d’elles le jour du combat.
Cette triple mission, qui s’exerce aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre et qui, il faut que les artificiers en soient bien convaincus, comporte sa part de gloire, impose à l’artificier de graves responsabilités et l’accomplissement journalier de devoirs qui exigent de nombreuses et solides qualités.
1- La première de ces qualités, c’est la conscience professionnelle, poussée au suprême degré. Fier de sa mission, conscient des responsabilités et des devoirs qu’elle lui impose, l’artificier doit toujours agir de telle sorte qu’à tout instant, en toutes circonstances, même les plus fâcheuses, sa conscience d’honnête homme, de bon soldat et de bon artificier n’ait pas le moindre reproche à lui adresser.
L’artificier doit être, avant tout, un homme pour qui le mot devoir ne souffre ni restriction, ni accommodements.
2- L’artificier doit posséder une connaissance approfondie des munitions, surtout de leurs propriétés essentielles, qui interviennent dans la conservation et dans l’emploi, ainsi que des règlements et instructions qu’il aura à appliquer dans l’exercice de ses fonctions. Il doit s’attacher à perfectionner sans cesse les connaissances acquises au cours, à les compléter et à les tenir à jour. Il accroîtra ainsi sa valeur comme artificier, par cela même, ses titres à un avancement que chacun doit avoir la légitime ambition d’obtenir.
3- Dans sa vie journalière, pendant le service comme en dehors du service, l’artificier sera un modèle de tenue, de conduite, de régularité et d’exactitude.
Ces qualités lui sont indispensables pour acquérir l’estime, le respect, l’obéissance et la confiance du personnel qui sera placé sous ses ordres et auquel il les imposera d’autant plus facilement qu’il en donnera lui-même un exemple permanent.
4- Dans l’exercice de ses fonctions, l’artificier doit faire preuve d’ordre, de calme, de sang-froid, d’énergie et à l’occasion d’héroïsme. Sévère pour lui-même, il ne tolérera, de la part de ses subordonnés, aucune défaillance, aucune négligence, aucune imprudence ni aucune infraction aux prescriptions réglementaires.
5- Si la stricte observation des règlements doit être considérée par l’artificier comme une règle absolue, il ne doit pas conclure que toute initiative lui est défendue. Son initiative peut au contraire trouver l’occasion de s’exercer utilement lorsqu’il se trouve en présence de cas particuliers, exigeant une décision urgente, qui ne sont pas définis dans les documents en vigueur. Il doit, dans ce cas, prendre sa décision en s’inspirant des prescriptions réglementaires édictées pour des cas analogues et en réfléchissant aux conséquences que peut avoir l’exécution des mesures qu’il aura envisagées.
Si le problème n’exige pas de solution immédiate, il devra le soumettre à ses supérieurs avec la solution qu’il propose.
L’artificier peut encore faire preuve d’initiative en cherchant à perfectionner un outillage ou une installation, à améliorer le rendement par une organisation plus rationnelle du travail. Certaines initiatives, par contre, lui sont formellement interdites, par exemple les essais de démontage de munitions non autorisés ou l’emploi d’un outillage ou de procédés proscrits.
6- L’artificier doit signaler sans délai à ses supérieurs toute situation ou tout incident susceptible d’avoir une répercussion nuisible ou dangereuse sur les munitions. Il doit en même temps, adresser toutes propositions utiles et, le cas échéant, demander les moyens d’exécution qu’il juge nécessaires pour remédier à la situation.
Si les circonstances l’exigent, il n’attendra pas la réponse et agira avec un moyen dont il dispose. Ne rien faire en évoquant le manque de moyens est le fait d’un paresseux ou d’un incapable ; avec un peu d’esprit d’organisation et beaucoup de volonté, on arrive toujours, même avec des moyens très limités, à améliorer une situation défectueuse ou tout au moins à empêcher une aggravation des conséquences que la prolongation pourrait entraîner.
7- La comptabilité technique des munitions a une importance aussi grande que la comptabilité administrative qu’elle sert, du reste, à établir. L’artificier apportera à la tenue des diverses écritures de son service un soin minutieux et une exactitude scrupuleuse.
8- De tous les ennemis de l’artificier, le plus redoutable est, sans contredit, le feu. Le feu, en effet, est la cause la plus fréquente des accidents généralisés dans les dépôts de munitions. L’artificier aura jusqu’à la hantise la crainte du feu et aucune précaution ne lui semblera superflue pour éviter l’incendie et pour assurer les chances de pouvoir l’éteindre s’il éclate.
Le décalogue de l’Artificier
Grande douceur tu leurs devras, en les couvant obstinément.
Douche ou bain leur éviteras, coup de soleil pareillement ;
Bon toit, bon lit, leur choisiras, te conduisant bien galamment.
Le feu du ciel redouteras, la cigarette également ;
Le désherbage effectueras, avec grand soin, fidélement.
Fils de Bacchus tu ne seras, sous peine d’émiettement ;
De l’eau bien pure tu boiras, afin de vivre longuement.
Les B.O. douze éplucheras, et les D.M. assidûment ;
En chaque jour tu puiseras une leçon modestement.
Chaque matin travailleras plus que la veille prudemment ;
Ainsi le soir tu reviendras à tes amours, passionnément.
Obus et bombes charmeras, mines et pièges mêmement ;
Sage astucieux te montreras en les cueillant frivolement.
En campagne tu livreras tous tes trésors rapidement ;
Un oeil ouvert tu garderas même en dormant, nonchalamment.
Les combattants tu serviras jusqu’à complet épuisement ;
Digne d’eux te révèleras, bien qu’en oeuvrant obscurément.
Sur tout, sur tous tu veilleras, partout, toujours, activement ;
Et puis un jour tu partiras, sans artifice… tristement…
professeur à l’école des Munitions
Quartier Lariboisière
Bourges, le 11 septembre 1945.