La fermeture de moult dépôts d’autrefois
ou
“L’à-peu-près-pyro-histoire”
de Régis Hoyet
La décision de stocker les munitions dans plus de 100 dépôts remonte pour 30% d’entre eux à une date antérieure à 1919, pour 18% à une date comprise entre 1919 et 1945, pour 52% à une date postérieure à 1945.
Dans cette dernière catégorie, la plus récente, se trouvent, pour les deux tiers, des dépôts d’origine étrangère (dépôt OTAN en France et 26 des 30 dépôts allemands utilisés par les FFA). Les dépôts les plus vieux sont installés dans des anciennes fortification datant de VAUBAN ou de SERE DE RIVIERES, conçues pour soutenir un siège et non pour faciliter l’incessant va–et-vient des mouvements de munitions.
L’évolution de l’armée de terre, des systèmes d’armes et des menaces, ainsi que le durcissement des règles de protection de l’environnement, ont généré un processus d’une ampleur sans précédent, conduisant à fermer ou désactiver de très nombreux dépôts de munitions, centraux, régionaux ou de garnison.
Le bilan chronologique brutal en est le suivant :
En Allemagne (FFA) :
11 dépôts ont été fermés et restitués à la R.F.A. de 1975 à 1979, puis 10 dépôts d’armée de 1979 à 2003…
En métropole :
– De 1968 à 1983, fermeture de 4 dépôts régionaux (DRMu) ou dépôts d’armée (DA) et de 20 dépôts de garnison (DMuG) ; déclassement en dépôts de garnison de 4 dépôts régionaux.
– De 1984 à 1987, fermeture de 9 DRMu et de 11 DMuG ; déclassement de 4 DMuG en soutes à munitions régimentaires (SMuR) et d’1 DA en DMuG.
– De 1988 à 2002 fermeture de 4 entrepôts de réserve générale de munitions (ERGMu), de 12 dépôts régionaux, et de 14 dépôts de garnisons ; déclassement de 4 DMuG en SMuR.
Comme on peut le constater, un effort considérable d’assainissement a été effectué :
En 1987, 32 dépôts du Matériel (sur les 49 actifs) stockaient 94% des munitions de l’armée de terre. 58% des dépôts étaient dans le ¼ nord-est de la France et aux FFA, marquant la volonté de privilégier la zone “Centre-Europe”. L’ensemble du personnel traitant de la gestion des dépôts de munitions s’élevait à 3140 personnes, dont 128 officiers, y compris le personnel des divers états-majors et directions. Les officiers des dépôts étaient en grande majorité d’anciens sous-officiers.
Cet important effort d’assainissement a porté principalement sur les 5ème et 6ème régions militaires (anciennes appellations des RTSE et de l’est RTNE), au sein desquelles les dépôts étaient particulièrement vétustes et dispersés, et aux FFA qui disposaient d’un nombre important de dépôts, beaucoup trop petits et éparpillés (héritage de l’ancienne 1ére armée de 1966, celle du général MASSU, obsolète au moment de la sortie de l’organisation intégrée de l’OTAN).
La chronologie plus personnalisée de cette évolution est reprise après les cartes ci-dessous, qui permettent de situer géographiquement les différentes emprises concernées…
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De 1968 à 1987 :
– En 1ère RM (RTIDF), le FORT DE BIEVRE, bien qu’autorisé, n’a jamais été pris en charge par l’armée de terre. Il est cédé à titre gratuit en 1980 à la DGGN, mais les gendarmes ne l’utiliseront jamais… Le FORT du HAUT-BUC, appartenant à la STAT jusqu’en 1982, est désactivé en 1983. Le DRMu de NOGENT-LE-PHAYE est fermé en 1985.
– En 2ère RM (nord RTNE), les DMuG d’AIRE SUR LYS, de LILLE, d’AMIENS et d’ARRAS sont déclassés en soutes régimentaire.
– En 3ère RM (RTNO), le DRMu de CHATEAUNEUF est fermé en 1984, celui de MEZIDON l’est en 1985, et tous deux font l’objet d’une procédure d’aliénation.
– En 4ère RM (RTSO), le dépôt de garnison de BIARD est supprimé en 1972 lors de la construction de la portion d’autoroute contournant POITIERS.
– En 5ère RM (RTSE), le dépôt régional de FORT COMBOIRE est déclassé du domaine public de la défense en 1982 et remis aux services fiscaux pour aliénation en 1983. Le dépôt de garnison de MONTAGNE DES CHEVRES, près d’AVIGNON est déclassé en 1981. Le dépôt régional de ST OURS LES ROCHES est fermé et aliéné (il est maintenant devenu VULCANIA !). Le DRMu de FORT BARRAUX est désactivé en 1986 et déclassé en tant que place de guerre en 1987 (il sert depuis dans le cadre de l’association JET, jeunes en équipes de travail). Le DMuG de LA CONDAMINE est fermé en 1986.
– En 6ère RM (est RTNE), le dépôt régional d’ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN est fermé en 1981. Le dépôt régional de VEZELOIS (ouvrage fortifié très difficile d’accès) est transformé en dépôt de garnison en 1968. Il a été fermé depuis. Le dépôt de garnison de ETAIN–ROUVRES, créé en 1968 est fermé en 1982. Le dépôt de garnison de DIJON-BEAUREGARD créé en 1967 est fermé en 1983. Le dépôt de garnison de COLMAR-FRONHOLTZ est fermé en 1982 et transformé en terrain d’exercices pour la garnison de COLMAR. Le dépôt de garnison de NEUF-BRISACH-HELTEREN est fermé en 1982 et transformé en terrain d’exercices. Le DRMu de MARS-LA-TOUR est fermé en 1985. Le DRMu de BITCHE est fermé en 1987. Le DRMu de ROMANSWILLER devenu dépôt de garnison en 1982 est fermé en 1985. Le dépôt de garnison de TOUL-DONGERMAIN est fermé en 1987. Le dépôt de garnison des ADELPHES est fermé en 1984.
– Aux FFA (Forces Françaises en Allemagne), les dépôts de garnison de ROTENBACH, OFFENBURG- SCHUTTERWALD, UNTERSNAT-HORNISFRINDE, MAULBURG, SPAICHINGEN, REUTLINGEN-MARKWASEN, WEINGARTEN, HORB-EUTINGEN, RADOLFZELL, TUBINGEN-WADLHAUSEN, FREUDENSTADT, et DONAUESCHINGEN sont restitués à la RFA de 1975 à 1979. Le dépôt d’armée de NEUENBURG est fermé et restitué en 1982, celui de DENZLINGEN, également fermé en 1982, est restitué en 1985. Celui de PETIT-STETTEN est fermé en 1984, celui de MORBACH est déclassé en dépôt de garnison en 1985, celui de RASTATT-IFFEZHEIM est fermé en 1986. Sont également fermés les dépôts de garnisons de WITTLICH-ALTRICH, de REUTLINGEN-LISTHOFF et de FRIEDRICHSCHAFEN-STEWALD en 1985, ainsi que ceux de NEUSTADT-TURENNE et NEUSTADT-LACHEN en 1986, et celui de MUNSINGEN en 1987.
De 1988 à 2002 sont désactivés :
– En RTNO (REGION TERRE NORD-OUEST), les ex-ERGMu (Entrepôts de réserve générale de munitions) ou/et ex-ETAMAT (établissements du Matériel) de THOUARS, AUBIGNE-RACAN, et CHATEAUDUN, ainsi que les dépôts régionaux de LA COURTINE, SASSEY, SAINT-AVE et DIRAC.
– En RTSO (REGION TERRE SUD-OUEST), le dépôt régional du CAUSSE.
– En RTSE (REGION TERRE SUD-EST), le dépôt régional des GARRIGUES, ainsi que les dépôts de garnison de SERRAT D’EN VAQUERS, FABREGUES, MUSSUGUET, SAINT MARTIN DE QUEYRIERE.
– En RTNE (REGION TERRE NORD-EST), les dépôts régionaux de SISSONNE, SAINT MICHEL, ORS, VALDAHON, et MOURMELON.
Post Scriptum :
Depuis cet inventaire, les sites de CHEMILLY et LEYMENT, tous deux ex-ERGMu, ont également été désactivés.